Chroniques coup de coeur


20 juil. 2014

Coup de cœur des lecteurs 2014 - Entrée Livre

 

Je suis très heureuse de participer à une nouvelle aventure cette année, le "Coup de cœur des lecteurs" chez Entrée Livre.
Vous connaissez tous le concept, j'ai eu la grande chance de recevoir à la maison dix ouvrages qui font partie de la rentrée littéraire 2014.
Je dois les lire (évidemment) et poster mes chroniques à partir du 15 août.
J'espère que cet événement vous rend autant enthousiasme que moi et que vous aurez plaisir à suivre mes lectures et avis sur le blog.

Voici les dix titres que j'ai reçu: 


Tram 83 : 
La Ville-Pays est une grouillante mégapole africaine, coupée de l’Arrière-Pays par une guerre civile à laquelle on n’entrave rien. Au beau milieu, à côté d’une gare dont la construction métallique est inachevée, trône le Tram 83, lieu de tous les excès, mélange explosif de bar, boîte, bordel, salle de concert, tribune politique, abattoir, où toute la ville se retrouve et vient passer les nuits les plus effrénées. Bière en bouteilles qu’on décapsule avec les dents, musique en continu, rumba, salsa, bruits de rail, public survolté, installations sanitaires mixtes et sombres pour laisser libre cours aux corps, bagarres, évanouissements, rumeurs… Comme dans les chœurs antiques, ici le nombre fait force et tous les soirs on voit débouler les étudiants en grève et les creuseurs en mal de sexe et d’argent, les canetons aguicheurs (« Vous avez l’heure ? »), les touristes de première classe et les aides-serveuses, les biscottes et les demoiselles d’Avignon, la diva des chemins de fer et Mortel Combat, bref, toute la ville en tenue de soirée et prête à en découdre, réunie là dans l’espoir de voir le monde comme il va et comme il pourrait dégénérer.
Lucien, tout juste débarqué de l’Arrière-Pays pour retrouver son vieux pote Requiem et échapper aux diverses polices politiques, est dans l’écriture, mais dans un pays pareil les intellectuels n’ont pas la cote. Prof d’histoire dans un monde sans passé, il remplit des carnets au milieu du tumulte. Chamaillé par tout le peuple du Tram, il essaye d’être à la hauteur, sans conviction, et se retrouve immanquablement dans les situations les plus extrêmes – coincé dans les mines de diamants ou cuisiné par un flic mélomane qui tente de le convertir à Rachmaninov. Mais il émeut les dames. Pendant ce temps, Requiem, magouilleur en diable, et Ferdinand Malingeau, éditeur et amateur de chair fraîche, se disputent allègrement les foules du Tram. Car dans la Ville-Pays, une seule chose compte (et même le Général dissident approuverait) : régner sur le Tram 83 et s’attirer les bonnes grâces de ce peuple turbulent et menteur, toujours prêt pour l’émeute.

Les ongles :
Bakatov et Gloucester grandissent dans un orphelinat pour enfants handicapés. Le premier a le crâne difforme, le second est bossu. Moqueries, insultes, humiliations sont leur lot quotidien.
On leur permet malgré tout, un jour, d’entrer dans la vie active. Bakatov devient plombier, Gloucester pianiste, il a la bosse de la musique, un vrai Mozart ! Or, Bakatov, depuis son enfance, se laisse pousser les ongles, les ronge et, avec force incantations secrètes, manifeste d’étranges pouvoirs...
Sous l’influence de Limonov ou Sorokine, Elizarov offre une évocation picaresque et hallucinée du monde né de la dé-soviétisation. Les vingt-quatre étapes de ce parcours initiatique lâchent les deux gamins dans les soubassements d’une mégalopole livrée au règne de la grande débrouille. Splendeur de l’écriture, richesse métaphorique constante, justesse assassine des notations, tout dans ce bref et magistral premier roman tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière ligne.
Une des poétisations les plus originales, captivantes et sombres de la Russie de la « transition » entre périodes soviétique et actuelle.

L'été des noyés :
Dans une île du nord de la Norvège, un endroit désert, magnifique et spectral où l’été est miraculeusement doux et radieux, Liv vit avec sa mère, un peintre qui s’est retiré là en pleine gloire pour mieux travailler. Son seul ami est un vieil homme qui lui raconte des histoires de trolls, de sirènes et de la huldra, une créature surnaturelle qui apparaît sous les traits d’une femme à l’irrésistible beauté, pour séduire les jeunes gens et les conduire à affronter les dangers et la mort. Noyades inexplicables et disparitions énigmatiques se succèdent au cours des nuits blanches de cet été arctique qui donne aux choses un contour irréel, fantasmagorique. Incapable de sortir de l’adolescence et de vivre dans le monde réel, Liv erre dans ce paysage halluciné et se laisse dangereusement absorber dans la contemplation des mystères qu’il recèle. Voici un livre d’une intense poésie. Lyrique. Féérique. Dérangeant. Comme souvent chez Burnside, on est à la limite – difficile à appréhender – entre ce qu’on sait et ce qu’on rêve. On est aussi dans un grand thriller.

Debout payé :
Debout-Payé est le roman d’Ossiri, étudiant ivoirien devenu vigile après avoir atterri sans papier en France en 1990.
C’est un chant en l’honneur d’une famille où, de père en fils, on devient vigile à Paris, en l’honneur d’une mère et plus globalement en l’honneur de la communauté africaine à Paris, avec ses travers, ses souffrances et ses différences. C’est aussi l’histoire politique d’un immigré et du regard qu’il porte sur notre pays, à travers l’évolution du métier de vigile depuis les années 1960 — la Françafrique triomphante — à l’après 11-Septembre.
Cette épopée familiale est ponctuée par des interludes : les choses vues et entendues par l’auteur lorsqu’il travaillait comme vigile au Camaïeu de Bastille et au Sephora des Champs-Élysées. Gauz est un fin satiriste, tant à l’endroit des patrons que des client(e)s, avec une fibre sociale et un regard très aigu sur les dérives du monde marchand contemporain, saisies dans ce qu’elles ont de plus anodin — mais aussi de plus universel.
Un portrait drôle, riche et sans concession des sociétés française et africaine, et un témoignage inédit de ce que voient vraiment les vigiles sous leur carapace.

Le fils :
Vaste fresque de l’Amérique de 1850 à nos jours, Le Fils de Philipp Meyer, finaliste du prestigieux prix Pulitzer 2014, est porté par trois personnages, trois générations d’une famille texane, les McCullough, dont les voix successives tissent la trame de ce roman exceptionnel.
Eli, enlevé par les Comanches à l’âge de onze ans, va passer parmi eux trois années qui marqueront sa vie. Revenu parmi les Blancs, il prend part à la conquête de l’Ouest avant de s’engager dans la guerre de Sécession et de bâtir un empire, devenant, sous le nom de « Colonel », un personnage de légende.
À la fois écrasé par son père et révolté par l’ambition dévastatrice de ce tyran autoritaire et cynique, son fils Peter profitera de la révolution mexicaine pour faire un choix qui bouleversera son destin et celui des siens.
Ambitieuse et sans scrupules, Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, se retrouvera à la tête d’une des plus grosses fortunes du pays, prête à parachever l’œuvre de son arrière-grand-père.
Il est difficile de résumer un tel livre. Porté par un souffle hors du commun, Le Fils est à la fois une réflexion sur la condition humaine et le sens de l’Histoire, et une exploration fascinante de la part d’ombre du rêve américain.

Constellation :
Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers. Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi ? Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend « nécessaire » ce tombeau d’acier ? Et qui sont les passagers ? Si l’on connaît Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, si l’on se souvient de cette musicienne prodige que fut Ginette Neveu, dont une partie du violon sera retrouvée des années après, l’auteur lie les destins entre eux. « Entendre les morts, écrire leur légende minuscule et offrir à quarantehuit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit. »

Les mots qu'on ne me dit pas :
Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte.
Son père, sourd-muet.
Sa mère, sourde-muette.
L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot.
Le quotidien.
Les sorties.
Les vacances.
Le sexe.
D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie.
D’une famille différente, un livre pas comme les autres.

Orphelins de Dieu :
Résolue à venger son frère, à qui une barbare fratrie de canailles sans foi ni loi a tranché la langue sans oublier de le défigurer, Vénérande, jeune paysanne au cœur aride, s’adjoint les services de l’Infernu, tueur à gages réputé pour sa sauvagerie. Ensemble, ils s’embarquent à travers les montagnes corses du XIXe siècle dans une bouleversante et sanguinaire épopée peuplée d’hommes sans dieu et condamnés par la misère à ne vivre que dans le chaos des armes.
Un puissant western mythologique où éclate la fantastique démesure de toutes les funestes gestes guerrières au fil desquelles s’écrit l’histoire de l’humanité.

Le bonheur national brut :
Le 10 mai 1981, la France bascule à gauche.
Pour Paul, Rodolphe, Benoît et Tanguy, dix-huit ans à peine, tous les espoirs sont permis.
Trente et un ans plus tard, que reste-t-il de leurs rêves, au moment où le visage de François Hollande s’affiche sur les écrans de télévision ?
Le bonheur national brut dresse, à travers le destin croisé de quatre amis d’enfance, la fresque sociale, politique et affective de la France de ces trois dernières décennies. Roman d’apprentissage, chronique générationnelle : François Roux réussit le pari de mêler l’intime à l’actualité d’une époque, dont il restitue le climat avec une sagacité et une justesse 

Madame Diogène :
Madame Diogène ne vit pas dans un tonneau mais dans un appartement transformé en terrier. Elle y a accumulé au fil du temps des tombereaux d’immondices dont les remugles ont alerté les voisins. Elle n’en a cure, elle règne sur son domaine, observe le monde de sa fenêtre, en guette l’effondrement et le chaos. Elle sait qu’autre chose se prépare.
Plongée vertigineuse dans la folie, analyse minutieuse de la solitude radicale, ce premier roman d’Aurélien Delsaux explore avec une force et une maîtrise étonnantes un territoire aussi hallucinant qu’insoupçonné.

1 commentaire:

  1. tu as de la lecture ca c'est sur. perso je ne suis pas fan de ces envois de livres, ce n'est pas souvent des livres qui me tentent.
    j'espère que tu arriveras à en sortir quelques pépites !!
    bon week end bisous

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